Histoire d’une image : Une photographie de Enrico Beltrame

ENRICOBETRALME

Photographe amateur et content de l’être, j’apprécie ces quelques moments que j’estime trop rares, lorsque je me trouve seul avec mon appareil photo devant un magnifique paysage ou une quelconque situation que je voudrais immortaliser.

Parfois la réussite est au rendez-vous, parfois c’est la déception, mais qu’importe. Même les grands photographes ont des déchets dans leurs réalisations. Tant que la passion demeure, je continuerai.

La photo que j’ai choisie m’a plu dès sa réalisation. Je me promenais dans les Alpes italiennes et pris un petit chemin qui ne menait nulle part dans l’espoir de trouver une belle photo à réaliser.

J’ai croisé ce vieux monsieur qui tout de suite m’ a inspiré. Je me suis arrêté et ai composé ce cliché qui j’espère vous plaira autant qu’il m’a plu. Je m’imaginais tout ce long chemin qu’il avait parcouru et Dieu seul sait où il s’arrêtera.

Enrico Beltrame, membre du Photo-Club de Pont-à-Celles

Réflexion photographique n° 1 : La pléthore

Jean Mounicq, grand photographe français, affirmait en 2012 que 90 % de livres photographiques ne devraient pas exister ! William Klein, autre grand photographe, affirmait que, si l’on voulait être honnête, la vie d’un photographe (même d’un grand photographe) se résume à une production digne d’intérêt (sur le plan artistique) oscillant entre 100 et 250 photos !

Ces réflexions de quelques « grands » devraient nous titiller. Elles n’entrent pas, malheureusement, dans le cadre de ce que l’on observe de plus en plus aujourd’hui. En effet c’est la profusion qui prend de plus en plus de place par rapport à la qualité photographique. Les plates-formes photographiques diverses sont des exemples souvent cités   : on y assiste non seulement à une profusion au détriment de la photographie qualitative, mais on y découvre aussi une confusion permanente entre ce qui est digne d’être montré au public et ce que l’on devrait garder pour soi ou pour un cercle familial.

Je ne vous apprends rien en vous disant que nous vivons dans une société de l’image : chacun croit donc bon de rendre publiques toutes ses propres productions même si elles ne présentent pas toutes un grand intérêt. C’est bien connu : tout le monde est photographe et se croit photographe ! Tout le monde aujourd’hui veut révéler au public et/ou publier ses photographies voire les exposer alors que celles-ci sont peut-être seulement dignes d’être montrées dans le cercle restreint de la famille ou de quelques amis.

Personne n’échappe à ce phénomène de la profusion et, comme le souligne un photographe, je pense que la poubelle est le meilleur ami du photographe !
Je ne suis qu’un photographe amateur (je ne vis pas de la photographie) et je me rends compte que j’élimine encore constamment des photographies : sur les quinze à vingt dernières années je n’ai montré au public que 550 photos. Encore beaucoup trop… et j’élimine de mois en mois. L’élimination, liée à un souci d’exigence, est une quête sans fin… et progressive ! Plusieurs réflexions de photographes (notamment celle de J-C Béchet avec sa technique de l’entonnoir) me poussent à viser à une élimination progressive, proche d’une auto-évaluation permanente. Et ce avant l’auto-destruction finale !!!

Jean-Pierre Poccioni, romancier et ami français, écrit ceci en prolongement de la petite réflexion personnelle qui précède :

« Prenons garde de ne pas mêler l’activité photographique “sociale” qui ne vise rien d’autre qu’une satisfaction personnelle et l’activité photographique à visée artistique dont un des buts est la constitution d’une oeuvre, éventuellement devant un public témoin. Sur le plan artistique je suis d’avis que la quantité, pléthorique ou non, est une notion qui ne présente pas beaucoup d’intérêt. Juge-t-on un peintre, un écrivain ou un musicien en fonction de la quantité d’oeuvres produites ?

Montrer des photos n’implique pas toujours une prétention artistique. Beaucoup de personnes agissent sous la pression d’un double effet. D’une part l’outil existe donc on l’utilise ! D’autre part l’époque fabrique un narcissisme qui compense en partie, ou tente de le faire, la déshumanisation de nos sociétés.

Ceux qui sur Facebook ou ailleurs s’exposent en dizaines d’exemplaires se montrent ou montrent ce qu’ils ont fait ou vu et cela est supposé intéressant en soi !

Et s’il n’est pas toujours facile d’échapper à certaines interminables séances de présentations de photographies dans le privé il est par contre facile d’éviter sur le Net les photographies sans intérêt.

Ainsi des auteurs sont heureux de voir leurs oeuvres publiées en ligne… même si personne ne les lit ou ne les regarde ! ».

Jean-Pierre Leclercq, membre du Photo-Club de Pont-à-Celles

 

 

L’histoire d’une image : la danseuse de Fabrice Chaufouraux

Samedi 21 mai 2011

Je suis au Palais des Beaux-Arts de Charleroi pour une prestation marathon : la couverture photographique du gala de danse de l’école Dance’s Passion, à Pont-à-Celles. Au programme, shooting des élèves, danseurs et danseuses, de trois ans à l’âge adulte, durant la répétition générale du samedi, ainsi que durant la représentation unique du dimanche.

La pression est forte, sur mes épaules comme sur celles des artistes et de leurs professeurs.

Ma plus grande fille, élève, devant être présente une heure à l’avance, je suis moi aussi très tôt sur place. Plongé dans le noir de la salle. Le temps semble suspendu.

Le matériel est prêt, vérifié et revérifié, à la lueur d’une lampe de poche, presque de manière obsessionnelle.

Au bout d’un moment, cinq jeunes filles en tutu blanc apparaissent sur la scène. Il n’y a pas encore de lumière, pas de musique… Rien n’a vraiment commencé.

Néanmoins, je saisis mon appareil et m’approche un peu.

Les fille sont groupées, parlent et rient, passent le temps en attendant que la répétition commence.

Il n’y a pas assez de lumière et les filles me tournent le dos : je ne ferai rien de bon.

Je passe le temps en discutant de tout et de rien avec le caméraman.

Puis, soudain, du coin de l’oeil, je vois la scène qui change. Le groupe de danseuses se sépare, s’éloigne, tandis que l’une d’entre elles s’assied au sol pour ajuster son chausson.

La scène est parfaite, et c’est à ce moment que le responsable éclairage allume son traceur dont la lumière enveloppe aussitôt la jeune fille assise. Hasard, ou lui aussi a-t-il été séduit par le tableau ?

Cette fois, elle est là, la photo !

J’abandonne ma conversation sans remords, vise, ajuste le cadrage… Cela va très vite. Je déclenche. Une seule fois. Le traceur est maintenant sur une autre cible.

Je regarde mon écran… À première vue, c’est tout bon. Restera à voir cela sur grand écran pour mieux juger de la netteté, mais j’ai confiance. J’ai envie de dire merci.

Ce sera la première photo de ce long week-end. La première d’une série de trois mille photos. La première, et la meilleure.

Dès le soir, je sais que cette photo, je voudrai la montrer.

La jeune fille est mineure, je devrai d’abord avoir l’accord de ses parents. Je me renseigne, on me dit son nom, mais cela en reste là.

J’oublie son nom, je renonce presque à poursuivre.

 

Avril 2012

Presqu’un an plus tard, j’accueille un stagiaire dans ma classe.

Lors d’une visite d’une de ses pédagogues, nous discutons de choses et d’autres. De Pont-à-Celles, de l’école de danse, de mon rôle de photographe…

La pédagogue s’exclame alors : « Mais c’est vous, alors, qui avez fait cette magnifique photo de ma fille ! »

Je lui parle des documents d’autorisation. Elle recevra un agrandissement imprimé avec soin… Nous sommes d’accord.

Pour la seconde fois, j’ai envie de dire merci…

Fabrice Chaufouraux, membre du Photo-Club de Pont-à-Celles

L’histoire d’une image : une photographie de Dominique Lefèvre

Perché sur le flanc d’une falaise, notre hôtel s’étale tel un fer à cheval. Notre bungalow situé sur le côté droit, nous oblige à traverser le complexe des piscines, pour nous rendre dans le bâtiment principal où se trouvent bars et restaurants.

Rejoignant la réception de l’hôtel vers 14 h 30, je me retourne dans ce hall et, à ce moment-là , surgit cette vision paradisiaque.

L’espace d’un instant, la lumière inondait ce hall d’entrée tel un miroir. Une fraction de seconde pour poser l’appareil photo par terre, je déclenche…

À mi-chemin entre le réel et l’imaginaire, le toit de cette camionnette nous indique une frontière ! Un petit détail qui nous nous fait basculer d’un monde à l’autre : vacances-paradis ou travail parfois laborieux des locaux sous le soleil ?

La vie est, dit-on, un choix perpétuel ! Mais parfois les hommes n’ont pas le choix…

Maintenant, c’est à nous de faire la part des choses. C’est à nous de reconnaître les frontières ! Et de vouloir les reconnaître. Mais le voulons-nous vraiment ?

Dominique Lefèvre, membre du Photo-Club de Pont-à-Celles

L’histoire d’une image : La rencontre de Bénédicte Vivier

Voilà ! Enfin quelques minutes pour envoyer ma photo « coup de coeur » !

Il a aussi fallu un peu de temps pour la retrouver, car il s’agit d’une diapositive !

Lorsque l’on a parlé de choisir « sa » photo coup de coeur, j’ai immédiatement repensé à  cette photo que j’intitule « La rencontre ».

Cette photo a été prise en 1999. Lorsque j’ai retrouvé la diapositive au milieu d’une dizaine de chargeurs, mon souvenir photographique n’avait pas changé. Cette image était vraiment ancrée dans ma mémoire. Que de souvenirs !

Pourquoi ? Il y a plusieurs raisons. Lorsque j’ai rencontré ces enfants à Madagascar (Akamasoa), c’était une véritable découverte pour moi :  un nouveau continent, une nouvelle culture et une autre façon de vivre. C’est la façon de vivre qui m’a le plus touchée. Il m’a d’ailleurs fallu plus d’un mois pour me remettre de cette magnifique aventure.

L’exploit, pour moi, était de réussir à photographier des enfants. Bizarrement, j’ai toujours éprouvé des difficultés à photographier les personnes. Cette rencontre m’a donc renforcée dans la démarche de photographier l’Autre.

De plus l’expression de cet enfant m’a toujours marquée. Il s’était isolé pour manger son assiette de riz.

Voilà, c’était l’histoire d’une rencontre qui est restée intacte dans ma mémoire.

Photo « gros coup de coeur » et petit reflet de moi !

Bénédicte Vivier, membre du Photo-Club de Pont-à-Celles